LA LITTÉRATURE
FRANÇAISE AU XVIIe SIÈCLE
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Sélection de textes –
Pour la France, le XVIIe siècle
en tant qu’unité historique peut être défini par deux dates : 1598 et l’édit de Nantes d’Henri IV
qui met fin aux guerres de
religions du XVIe siècle,
et 1715, date de la mort de Louis XIV qui a imposé au cours de son très long
règne la monarchie absolue au royaume qu’il a agrandi par de nombreuses
conquêtes. Entre ces deux dates le pouvoir royal s’affermit par l’œuvre de Louis XIII secondé par Richelieu et durant la régence d’Anne
d’Autriche grâce à Mazarin.


En effet les
considérations et les pratiques religieuses marquent aussi fortement le siècle
avec la révocation
de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, qui met fin à la
tolérance vis-à-vis des protestants,
et le poids des Jésuites
et des Jansénistes.
En effet les Jésuites,
en plus de leur influence politique, critiquée par les tenants du gallicanisme,
contribuent à la formation de la pensée du siècle et à l’élaboration du style
classique. Les écoles jésuites
apportent deux éléments essentiels dans la formation du classicisme : le
goût humaniste pour les Anciens reconnus comme modèle de beauté et de sagesse,
et la psychologie,
qui vise à connaître l’homme, à discuter sur lui, mesurer la puissance de ses
passions et de sa volonté. Le jansénisme
exerce quant à lui une influence plutôt indirecte et morale avec leur idéal
austère lié à une théologie de la prédestination. Tous ces éléments vont peser dans le
domaine esthétique et dans l’importance relative des deux courants qui dominent
le siècle : d’abord le mouvement baroque,
plus long et paneuropéen, puis le classicisme, plus spécifiquement français et
moins long, lié au « siècle de Louis XIV ». Si le baroque est une
esthétique de l’incertain, du flou et de la surabondance, le classicisme est
fait de retenue, d’ordre et d’ambition morale : c’est ce courant qui s’imposera
en France dans la deuxième moitié du siècle avec l’intervention du monarque
absolu et centralisateur qui encouragera la fondation de nombreuses Académies
pour veiller aux principes et aux usages admis de la pensée et des arts (l’Académie
française en 1635, l’Académie
royale de peinture et de sculpture en 1665, l’Académie
des sciences en 1666). La Cour et le roi, à Versailles, sont bien, à
la fin du XVIIe siècle, en France,
les maîtres du bon goût même si la « ville » et sa bourgeoisie
commencent à jouer un rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec
une diffusion plus large des œuvres et un développement de la lecture.
La variété de la littérature française du XVIIe siècle.

La préciosité est un mouvement européen des
lettres qui atteint son apogée en France dans les années 1650-1660. C’est un
courant esthétique d’affirmation aristocratique marqué par un désir de se
distinguer du commun. Cette volonté d’élégance et de raffinement se manifeste
dans le domaine du comportement, des manières, du goût aussi bien que dans
celui du langage. Ce courant est également associé à une revendication féministe soucieuse de faire reconnaître la
femme dans le monde des intellectuels et des artistes mais aussi dans une
fonction sociale nouvelle.
La société précieuse s’épanouit dans les salons dont
les plus célèbres sont ceux de la marquise de
Rambouillet et de Madeleine de
Scudéry. D’abord aristocratiques, après l’échec de la Fronde (histoire), ces salons
s’ouvrent peu à peu à des écrivains bourgeois. La volonté d’élégance dans la
conversation, la recherche de pureté du vocabulaire en proscrivant les
jargons, les archaïsmes, le langage populaire et l’invention de termes
nouveaux ou de périphrase remplaçant des noms d’objets réputés bas ou
seulement trop ordinaires, conduisent à des abus dont se moquera Molière dans Les Précieuses
ridicules.
La littérature est un
des sujets privilégiés de ces salons et les auteurs transposent dans leurs
romans-fleuves ce monde raffiné qui revendique aussi une place centrale pour
l’amour idéalisé.

On placerait à part, sous l’étiquette
étroite de romans précieux à
cause de la place faite aux femmes et à l’étude de l’amour, les romans de Madeleine
et Georges de Scudéry,
en particulier les volumes dus à Madeleine de
Scudéry. On citera Ibrahim ou l’Illustre Bassa (1641-1642) et
surtout Artamène ou
le Grand Cyrus (1649-1653), 10
volumes, et plus encore La Clélie
avec sa célèbre carte de Tendre
(dix volumes entre 1654 et 1660 dont
les premiers ont été signés par Georges de Scudéry).
Les excès du roman « héroïque et
précieux » lui attireront des condamnations comme celle de Lenoble qui
rejette « les longs Romans pleins de paroles et d’aventures fabuleuses, et
vides des choses qui doivent rester dans l’esprit du Lecteur et y faire
fruit » ([1]). Par réaction
s’élaboreront le roman psychologique dit « classique » comme La Princesse de
Clèves de Madame de Lafayette
mais aussi des formes parodiques et comiques comme les romans de Scarron et de Francion.
LE LIBERTINAGE

LE REGISTRE COMIQUE ET SATIRIQUE

C’est essentiellement dans le genre encore flou du roman que
ce courant réaliste et plutôt burlesque sera
productif en privilégiant un récit enjoué, parfois embrouillé cependant, avec
des personnages communs placés dans des situations souvent plaisantes et
quotidiennes. Ils relèvent parfois du peuple ou de la bourgeoisie mais les histoires comiques françaises se
distinguent des romans picaresques par des rôles moins populaires. Les héros de
Histoire
comique de Francion et du Page Disgracié sont des
gentilshommes. Le personnage principal du Roman comique est certes né
théoriquement dans le peuple mais tout laisse à penser que ses véritables
origines pourraient être nobles. Il en a du moins les caractéristiques morales.
Les œuvres les plus notables sont Histoire
comique de Francion de Charles Sorel, publié en 1626, Le Roman comique de Paul Scarron,
publié en 1651-1657, et Le Roman bourgeois d’Antoine Furetière, publié
en 1666, les romans de Cyrano de
Bergerac occupant une place à part avec leur mélange d’imagination,
de réflexion mais aussi de drôlerie.
Jean de Lannel
ouvre la voie avec son Romant satirique (1624), où il essaie de
présenter le tableau des désordres et de la corruption qui règnent en France au
commencement du règne de Louis XIII.
Le roman de Charles Sorel (1600-1674) Histoire
comique de Francion (1623) constitue l’une des œuvres majeures
du genre. L’immortalité de l’âme est raillée dans le roman, la hiérarchie
sociale, le culte de l’argent et de la puissance sont dénoncés dans un langage
savoureux, riche en tournures populaires, en termes colorés, en proverbes.
Le Roman comique (1651-1657) de
Paul Scarron (1610-1660) reprend des
caractéristiques du travail de Sorel tout en le polissant un peu pour le rendre
plus acceptable dans une époque moins libre que celle de l’apparition du Francion.
À travers le récit d’une troupe de comédiens sous Louis XIII
l’auteur peint avec un réalisme saisissant et beaucoup d’humour les mœurs
provinciales.
En 1666, Furetière peint en action les mœurs de la
bourgeoisie du temps dans le Roman bourgeois.
LE COURANT CLASSIQUE
Le classicisme, une des époques
culturelles les plus brillantes de l’histoire de la
France, est une expression idéologique et esthétique de la monarchie absolue. Il se développe pendant
toute la première partie du siècle et atteint son apogée vers les années
soixante. Le classicisme est en liaison étroite avec les courants
philosophiques de l’époque, en premier lieu celui du rationalisme de Descartes dont il subit l’influence.
ESTHÉTIQUE
CLASSIQUE
Elle s’est élaborée au
cours des années 1630-1660. L’esthétique classique est fondée sur trois
principes essentiels : rationalisme,
imitation de la nature, imitation de l’Antiquité.
Plus tard, en 1674, dans son Art poétique Nicolas Boileau fait une synthèse de tout
ce qui constitue le style classique.


LE THÉÂTRE CLASSIQUE
Au XVIIe siècle les doctes de l’âge
classique comme Boileau dans
son Art poétique ont cherché à renforcer la codification formelle entre
tragédie et comédie en se référant à Aristote. L’esthétique classique,
originalité française qui contrebat le foisonnement baroque, définira des
règles qui feront d’ailleurs débat comme en témoignent la « querelle du Cid »
avec les remontrances de l’Académie française et les préfaces des dramaturges comme celle de Bajazet
de Jean Racine qui justifiera le remplacement
de l’éloignement temporel par l’éloignement géographique. « La grande
règle » étant de « plaire » aux esprits éclairés, l’art
classique va recommander des conventions qui doivent conduire à la réussite et
à la grandeur de l’œuvre de théâtre,
celui-ci étant considéré alors comme un art littéraire majeur.
Pour l’âge classique l’art a une fonction
morale : le théâtre
doit donc respecter la règle de bienséance en exclusion de tout ce qui
irait contre la morale, la violence « obscène » ne doit par exemple
pas être montrée sur scène, et les comportements déviants doivent être châtiés
comme Don Juan à la fin de la pièce de Molière ou Phèdre dans l’œuvre de
Racine. L’art doit « purger les passions (la catharsis aristotélicienne) avec la tragédie
et corriger les mœurs en riant avec la comédie ». Cette bienséance et
cette volonté morale s’accompagnent de la bienséance langagière, même si la
comédie est plus libre dans ce domaine. La volonté d’exemplarité impose aussi
un souci du naturel et du vraisemblable, parfois en conflit avec le vrai. Les
auteurs doivent ainsi défendre la cohérence des personnages et rechercher
l’universalité en se plaçant dans la continuité des Anciens dont la survie
littéraire démontre qu’ils avaient su parler de l’homme avec justesse, ce qui
demeure le but d’un théâtre moraliste et non de « pur
divertissement ».
L’esprit classique a aussi le goût de
l’équilibre, de la mesure, de l’ordre, de la raison, et un souci d’efficacité
d’où découle le principe d’unité que résume Boileau dans deux vers célèbres de son Art
poétique : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
// Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ». On définit donc la règle des trois
unités :
« L’unité d’action » évite la
dispersion et l’anecdotique en renforçant la cohérence. « L’unité de
temps » resserre l’action et la rapproche du temps de la représentation.
« L’unité de lieu » cherche à faire correspondre le lieu de l’action
et le lieu scénique : il s’agira donc d’un lieu accessible à tous les
personnages (entrée, antichambre, salle du trône…)
Une quatrième unité est également mise en
avant : « l’unité de ton » liée à la séparation des genres
(tragédie et comédie) avec des sujets propres, des types de personnages
spécifiques, des niveaux de langue et de ton dans un objectif différent :
divertir et donner une leçon avec la comédie, et purger les passions
(catharsis) par l’émotion (terreur et pitié) avec la tragédie.
LES DRAMATURGUES
« CLASSIQUES »
La
tragédie


Les comédies de Molière

LE ROMAN PSYCHOLOGIQUE
Madame de La
Fayette, avec La Princesses de
Clèves inaugure avec la maîtrise de la forme et le souci de la
peinture des sentiments dans un contexte réel, un genre appelé à une
spectaculaire postérité.
LA POÉSIE
François Malherbe
codifie au début du siècle les règles de la versification et est salué par Boileau qui brille dans la poésie d’idées
avec son Art poétique ou ses Satires.
LES
« MORALISTES »
On nomme ainsi les
auteurs qui dans des genres divers ont exploré le comportement des hommes avec
des approches souvent pessimistes comme Blaise Pascal, Bossuet,
François de
La Rochefoucauld, et les mémorialistes comme le cardinal de Retz et Saint-Simon ;
ce dernier, né à la fin du XVIIe siècle,
a écrit ses « mémoires » au cours de la première moitié du XVIIIe siècle et est classé par certains
pour un écrivain classique du XVIIe siècle
alors que son style, en réalité très novateur, a inspiré par la suite de grands
écrivains (François-René de Chateaubriand, Marcel Proust). Ces « analyses
de l’âme » se retrouvent avec Madame de Sévigné
et ses fameuses Lettres ou avec La Bruyère
et ses Caractères.
Une oeuvre singulière : Les fables de Lafontaine

LA FIN DU XVIIe SIÈCLE
À la fin du siècle, la littérature perd de
son éclat. La querelle
des Anciens et des Modernes s’engage. Ce sont des discussions à la
fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle qui portent sur la notion du
progrès dans le domaine artistique. Les Anciens dont La Fontaine,
Nicolas Boileau, La Bruyère,
prétendent que tout est découvert, tout est inventé, donc il n’y a pas de
progrès dans l’art. Les Modernes de leur côté et surtout Charles Perrault (1628-1703), l’auteur des Contes de la
mère l’Oye (1697), affirment qu’il reste beaucoup à trouver et à
améliorer.
Par ailleurs avec prudence mais fermeté,
une littérature d’idées novatrice apparaît avec Bernard de
Fontenelle et Pierre Bayle qui
préfigurent les philosophes du siècle des Lumières
et leurs remises en cause intellectuelles
ACTIVIDAD REALIZADA POR LA PROFESORA DE FRANCÉS RAQUEL LÓPEZ MARTÍN CON LOS ALUMNOS DE BACHILLERATO